time based exhibition

  • Rémy Héritier et les résidents du Pavillon Neuflize OBC 2012/2013

    Création les 14 et 15 février 2013 au Phénix, scène nationale de Valenciennes

  • Conception Rémy Héritier
  • Avec les résidents du Pavillon Neuflize OBC 2012/2013
  • Carlotta Bailly-Borg FR
    Feiko Beckers NL
    Julie Bena FR
    Francesco Fonassi IT
    Daiga Grantina LVA
    Peter Miller US
    Julien Perez FR
  • Agnieszka Ryszkiewicz PL
    Gonçalo Sena PT
    Theo Turpin UK
  • Production Palais de Tokyo et le Phénix scène nationale Valenciennes, GBOD!
  • partenaires du Pavillon Neuflize OBC mécène principal avec le soutien permanent ministère de la culture et de la communication, institut français, cité internationale des arts, amis du Palais de Tokyo, école nationale supérieure d’arts de Cergy

C’est à partir de l’énoncé minimal et évocateur de Time Based Exhibition proposé par Christian Merlhiot lors d’une discussion que j’ai commencé à réfléchir à une proposition pour les artistes en résidence au Pavillon Neuflize OBC en 2012-2013.
La Time based exhibition, outre ce changement de point de vue induit par un changement de lieu (de l’espace d’exposition au théâtre), conduira inévitablement à questionner les notions de temps et de durée. Temps et durée devenant le point de jonction entre arts visuels et art performatif (chorégraphique en ce qui me concerne). Elle posera aussi la question de la place et du rôle du visiteur regardeur spectateur et de l’envergure de son action : venir au théâtre pour assister à la représentation… d’une exposition.
Pour nourrir le concept de Time Based Exhibition, j’ai pensé aux soirées historiques des 9evenings Theatre and Engineering de 1966 qui ont permis la collaboration de dix artistes de la scène new yorkaise et trente scientifiques et ingénieurs des laboratoire Bell télécom. Je pense plus particulièrement à la pièce Open Score de Robert Rauschenberg. Les 9evenings sont restés bizarrement méconnus, pourtant ils allient dans leur fond et leur forme toutes les notions qui nous préoccuperont. Le dispositif d’Open Score est relativement simple : des spectateurs sont rassemblés sur un gradin. Face à eux, deux artistes (Frank Stella, Mimi Kanarek) jouent une partie de tennis sur un véritable court. Chacune des raquettes est équipée d’un micro HF (première utilisation du HF à cette occasion) qui amplifie le son du choc de la balle sur le tamis. Le système de son est relié à l’éclairage, si bien que chaque coup de raquette induit l’extinction d’un des projecteurs éclairant la partie. Les échanges conduisent irrévocablement à plonger la scène et la salle dans le noir total. Mieux que le noir total, le lieu est en fait éclairé par des projecteurs ultra-rouges, ce qui permet à près de 500 figurants d’entrer discrètement sur le plateau et d’être filmés en direct par des caméras à vision nocturne (dont ce sera la première utilisation non militaire) pour apparaître verts et floutés sur un écran incliné au-dessus du gradin.
Le temps d’un match orchestré par deux artistes interrogeait donc non seulement les pratiques artistiques et performatives en leur temps et lieu, mais également le rôle du spectateur, témoin de l’action.
Il y aurait donc beaucoup à tirer d’une archéologie artistique, fictionnelle et lacunaire autant que performative ou chorégraphique pour créer un ou des objets performés et interroger les conditions d’existence d’une œuvre dans un dispositif de durée et de lieu qui n’est habituellement pas le sien. Les processus de réflexion et de création engagés nous permettront d’établir un dialogue artistique coupant court aux incompréhensions supposées liées aux différences de background, de médium etc… L’objet naîtra de la pratique et non pas de l’idée.
Ce projet est en soi une pratique du déplacement qui permettra je l’espère de mettre à jour la singularité de nos pratiques (qu’elles soient initiées depuis les arts visuels ou chorégraphiques). Comment une œuvre d’art plastique préserve une autonomie une fois présentée sur la scène d’un théâtre ? Comment s’y prend-elle pour ne pas se faire engloutir par le théâtre et esquiver le statut d’art appliqué ?

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