La Montagne d’Aubervilliers
- Rémy Héritier, Laurent Pichaud, Gilles Saussier, Marcelline Delbecq, Mathieu Bouvier, officeabc, Anne Kerzerho
Dans le cadre du projet européen «édition spéciale», consacré aux formes de la «publication performée», les artistes chorégraphiques Rémy Héritier et Laurent Pichaud ont invité le photographe Gilles Saussier, l’artiste et écrivain Marcelline Delbecq, l’artiste visuel Mathieu Bouvier, le studio de design graphique officeabc, et Anne Kerzerho, directrice pédagogique de l’école du CNDC d’Angers, à former le comité éditorial d’une publication temporaire, sur une durée de 12 jours.
Ensemble, ils ont décidé de «performer» un journal : non pas un journal de journalistes mais un journal de journaliers. L’actualité peut attendre. Un journal sans dépêches, mais le journal de 12 journées consacrées à produire et à partager certaines pratiques de lecture, de description, de traduction, d’enquête, de spéculation. Autant de pratiques performatives de l’information, de techniques d’élucidations, de mise en fiction du réel, bref, des manières d’agir sur le récit.
Ils ont choisi d’appeler ce journal «La Montagne d’Aubervilliers». « La Montagne» parce que la conférence se tient au sommet. Parce qu’on y porte les nouvelles à dos d’homme, que le pas est lent, l’ascension est longue et propice aux échanges. Parce que sous l’avalanche d’informations, il faut pouvoir remonter la pente. Parce que d’une vallée à l’autre, l’écho porte la voix. Et parce qu’Aubervilliers était autrefois appelé «la plaine des vertus».
«La Montagne d’Aubervilliers» sera la revue d’un seul numéro, daté du 10 au 22 septembre 2012. Sa publication quotidienne aura lieu au refuge d’altitude des Laboratoires d’Aubervilliers chaque jour selon l’ordre du jour : le 10 septembre à 10h, le 11, à 11h le 12 à 12h etc., jusqu’à un point culminant le 22 à 22h.
«Tous les matins nous sommes informés des nouvelles du globe. Et pourtant nous sommes pauvres en histoires curieuses. La raison en est que nul événement ne nous atteint que tout imprégné déjà d’explications. En d’autres termes : dans les événements presque rien ne profite à la narration, presque tout profite à l’information. Car c’est le fait du conteur né que de débarrasser une histoire, lorsqu’il la raconte, de toute explication »
Walter Benjamin, Le Conteur (Der Erzähler), 1936.