devinettes et brûlot à uzès danse

  • MARIE-CHRISTINE VERNAY – Libération, 18 juin 2013

Rien de plus stimulant qu’un festival qui sait trouver ses propres rebondissements internes, comme ce fut le cas, samedi, à Uzès Danse. Les chorégraphes et danseurs Laurent Pichaud et Rémy Héritier ont mis au point des Jeux Chorégraphiques avec de joyeux comparses, Ana Rita Teodoro, Julie Perrin, Volmir Cordeiro, et des experts invités comme Anne Lopez et Matthieu Doze. Ces jeux, simples et vraiment amusants, savent emballer le public.
Le premier donne un seul indice : un texte écrit par un artiste. Les “experts” doivent trouver son nom après lecture. Cela commence donc ainsi : “Davantage que les arts, la danse réunit des composantes diverses. Le temps et l’espace, par exemple. Alors que la musique est uniquement dans le temps, l’architecture et la sculpture sont uniquement dans l’espace. De plus, la danse nous permet de relier des activités qui sont ordinairement séparées. Prenons l’activité physique : beaucoup de gens d’aujourd’hui “font du sport”, point final. Dans un autre compartiment, on passe à l’activité émotive qui peut être religieuse, amoureuse, sentimentale. Puis il y a l’activité intellectuelle. Donc, l’homme moderne voit sa vie divisée : il va au bureau, lieu de vie intellectuelle, à la maison, où l’émotion est privilégiée, puis sur le terrain de sport où il s’adonne à une activité physique.” Alors qui ? Réponse : Maurice Béjart. Mais ce n’est pas l’essentiel. On s’amuse à cheminer : dater le texte en fonction des mots, repérer s’il est écrit ou oral, deviner le ton d’un maître à penser ou non… Il ne s’agit pas d’un exercice pour initiés, mais progressivement d’une révélation des enjeux de la danse, de son implication politique, son ancrage dans une époque. D’autant que le projet, fait également d’intermèdes, de citations chorégraphiques et de petites danses, nous apprend beaucoup, formant pas tant un spectacle qu’une mallette pédagogique.
Le deuxième volet inverse le procédé et donne au public le nom du chorégraphe, en l’occurrence Martha Graham, interprétée par Volmir Cordeiro et prolongée par Matthieu Doze. Comment les experts vont-ils parvenir à trouver la réponse ? Il pourrait tout aussi bien s’agir de Boris Charmatz dans une relecture de la grande prêtresse américaine. Quant au troisième et dernier volet, il annonce le spectacle du lendemain, de Fabrice Ramalingom, artiste associé au Centre de développement chorégraphique, organisateur de la manifestation, en montrant un extrait de sirtaki-pop faisant référence à une des plus belles fausses danses traditionnelles que créa le cinéma.

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