percée persée

  • Création  le 24 janvier 2014 au Kunstencentrum Buda à Courtrais (Belgique), en ouverture du festival Vivat la Danse.
  • Chorégraphie Rémy Héritier
    Interprétation Rémy Héritier, Eric Yvelin
    Musique Éric Yvelin
  • Texte & Voix Marcelline Delbecq (Ellie Ga pour la version anglaise)
    Lumière Ludovic Rivière
  • Production GBOD !
    Co productions  Le Vivat d’Armentières, scène conventionnée danse et théâtre, Kunstencentrum Buda, Kortrijk
    Résidences Vivat d’Armentières, scène conventionnée danse et théâtre, Les Laboratoires d’Aubervilliers (prêt de studio 2012), Centre Chorégraphique National de Montpellier – Mathilde Monnier
    Avec le soutien de la Ménagerie de Verre dans le cadre des Studiolabs.
    GBOD! / Rémy Héritier est soutenue par la DRAC Nord Pas-de-Calais au titre de l’aide à la compagnie

Percée Persée est conçu comme l’articulation de deux soli, l’un chorégraphique et l’autre musical, dans un même espace temps scénique et développe un espace polyphonique où enjeux chorégraphiques et musicaux se confondent, dialoguent et convoquent nos souvenirs par la mémoire des corps, des espaces et des perceptions.

Le processus de travail s’est développé sur deux années et a vu émerger deux versions de la même pièce : une version in situ (créée en 2012 à la Fondation Cartier pour l’Art Contemporain à Paris) et la version définitive pour plateau dont il est ici question, transposant et augmentant pour le théâtre les enjeux d’espaces, de lieux, de sites autant que ceux de points de vue élaborés en milieu ouvert (jardins, vastes hangars, déserts de l’ouest américain expérimentés et traversés lors du processus de création).

L’enjeu de Percée Persée est de produire une forme chorégraphique, une partition musicale, une partition lumineuse  qui provoquent la rencontre et/ou la confrontation entre l’intertextualité d’une danse, d’une musique et d’un lieu ; les uns comme les autres contenant à la fois une part visible et une part non visible plus importante encore.
Pour Roland Barthes « Tout texte est un intertexte ; d’autres textes sont présents en lui à des niveaux variables, sous des formes plus ou moins reconnaissables : les textes de la culture antérieure et ceux de la culture environnante ; tout texte est un tissu nouveau de citations révolues. ».
Percée Persée articule les stocks de mémoire, les strates non visibles à l’œuvre dans toute production artistique qu’elle soit chorégraphique, musicale, scénographique, plastique…

La danse de Percée Persée est ce que j’appelle une « danse située » :
Une danse située sait où elle se trouve. Une danse située ne décrit pas l’endroit où elle se trouve. Une danse située est un objet autonome. Une danse située est une danse qui se déroule invariablement vers le futur quitte à y rencontrer son passé. Une danse située est une danse qui réconcilie contenu et contenant. Une danse située dépose des indices sur son passage. Une danse située est une danse de la reconstitution, une danse qui enquête (pour les performeurs comme pour les spectateurs).Une danse située est une carotte géologique : un millefeuille d’autant de strates à traverser. Percée Persée s’adosse à l’inscription visuelle, au tracé invisible laissé sur le sol par la danse.

Au vu des enjeux décrits, le mot danse peut ici être remplacé par celui de musique afin d’augmenter l’appréhension de la pièce.

    Percée Persée donne au spectateur la possibilité de faire des « prophéties rétrospectives ».

 Les trois transpositions de Percée Persée
Une première version a été créée dans le jardin de la Fondation Cartier à Paris dans le cadre de la Soirée Nomade Swans Amputees (juin 2012) puis a été transposée dans un lieu très grand mais clos (bâtiment portuaire, Mon Inouïe Symphonie, Dunkerque, octobre 2012).
Cette ultime version a enfin été transposée pour le plateau du théâtre le Vivat à Armentières (mars 2013).
Ces trois transpositions/traductions sont les grandes étapes du processus de création qui a abouti à la création de Percée Persée.

L’espace de la danse, l’espace de la musique dans Percée Persée
L’espace scénique est un protagoniste.
La danse rend visible des trajets en déposant des landmarks chorégraphiques faisant de fait apparaitre un passé.
Un passé rendu visible pour qu’apparaisse un futur.
La dramaturgie de Percée Persée est une conséquence de ses enjeux géographiques.
Je pourrais dire que la dramaturgie s’adosse à la géographie selon une équation simple :

Dramaturgie de Percée Persée = faire apparaître du futur = reste (landmark gestuel) + trace (indice spatial)

Percée Percée est structurée en quatre séquences
Lumières
Partie 1
Partie 2
Texte
 Le lieu, le théâtre
C’est l’espace de Dunkerque transposé scénographiquement dans sa forme générale et épurée (délimitation de l’espace scénique par des pendrillons) qui définit dorénavant l’espace à investir pour la pièce.

    La lumière
Un plan de feu spécifique est créé pour la pièce, auquel celui d’un autre spectacle (dont nous ne sommes pas les auteurs) se superpose. Percée Persée modifie l’usage de ces lumières existantes en les abstrayant de leur fonction d’éclairage de spectacle. Elles se transforment alors en un objet de mémoire : l’intégralité d’un spectacle, converti en l’enchaînement chronologique et ininterrompu de sa partition lumière, est condensé en 5 minutes.

    Le texte
Au printemps 2013, j’ai tourné un film dans trois déserts de l’ouest américain. Composé essentiellement de plans fixes sur le paysage et de plan de danse dans le paysage, j’ai commandé à l’artiste Marcelline Delbecq un texte poétique ayant pour enjeu littéraire la description de ces images. La diffusion de ce texte, lue par une voix enregistrée donne une nouvelle dimension à Percée Persée en offrant aux spectateurs un dernier espace de projection mentale éclairant à rebours ce que la danse a donné à voir.

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